Comment le COVID-19 a Impacté la Sécurité Alimentaire Mondiale
Les tendances alimentaires face aux crises : entre espoirs du « monde d’après » et réalités
Alors que la pandémie de Covid-19 était perçue comme une occasion d’ancrer de nouvelles habitudes alimentaires, la succession et l’enchevêtrement des crises – sanitaire, énergétique, géopolitique, climatique et inflationniste – ont rebattu les cartes. Si les aspirations à une consommation plus soutenable, socialement et écologiquement, se sont renforcées pendant les confinements, la situation est aujourd’hui plus contrastée. Les Franciliens se distinguent de l’ensemble des Français, avec des attentes environnementales plus élevées, mais ils sont autant exposés à l’inflation, et l’Île-de-France connaît une forte hausse de la précarité alimentaire. Dès lors, comment concilier ces attentes alimentaires, témoins d’enjeux plus globaux ? Comment se saisir des crises actuelles pour trouver des réponses aux défis qui s’imposent, de l’assiette au champ et, plus largement, du champ à la planète ?
L’année 2020 a signé le début d’une période complexe, où s’entremêlent différentes crises qui touchent les systèmes alimentaires à toutes les échelles. La pandémie de Covid-19 et les confinements successifs ont impacté l’ensemble des acteurs de l’alimentation, des producteurs aux consommateurs, en passant par la transformation, la logistique et la distribution. Le commerce alimentaire mondial a également été secoué par le conflit ukrainien, qui a joué un rôle prégnant dans la hausse des cours du blé et de l’énergie. Multifactorielle, la plus forte crise inflationniste depuis vingt-cinq ans nourrit l’insécurité alimentaire et touche particulièrement certains produits : pour la farine, le pain et les céréales, l’inflation en France est d’environ 35 % en avril 2023 par rapport à début 2020. Plusieurs tendances émergentes avant la crise Covid, axées sur l’environnement et la santé (circuits courts, bio, végétalisation…) ou le e-commerce alimentaire ont connu une forte croissance pendant les confinements, et l’on aurait pu penser qu’ils poursuivraient leur ascension. Mais le « monde d’après » n’est pas tout à fait celui qui semblait se dessiner alors. Si l’ensemble des crises actuelles accélère la nécessité de garantir à tous un accès quantitatif et qualitatif à une alimentation saine et variée, l’écart se creuse parfois entre aspirations et contraintes face à l’inflation. L’arrêt des confinements a aussi sonné la fin de cette période hors norme où les Français s’étaient (re)mis à consacrer du temps à leur alimentation. Aujourd’hui, 61 % des Français disent avoir repris leurs pratiques de consommation d’avant confinement 1 . Du moins, quand ils le peuvent : 46 % disent avoir le sentiment de devoir restreindre de manière importante leurs dépenses alimentaires pour des raisons financières 2 . S’ouvre donc une période complexe où s’entremêlent des envies divergentes entre le souhait d’un système alimentaire plus durable et l’envie de retrouver ses pratiques d’avant. Ces attentes se heurtent à des réalités financières et à l’extension de la précarisation aux classes moyennes désormais, conditionnant achats et comportements alimentaires.
L’insécurité alimentaire atteint de nouvelles zones
La crise liée à la COVID-19 frappe aujourd’hui des régions du monde « qui avaient auparavant échappé à de graves niveaux d’insécurité alimentaire », a encore observé M. Beasley. Les conséquences de la pandémie se font ainsi sentir dans les communautés urbaines des pays à faible et moyen revenu, qui sont entraînées dans la misère par les pertes d'emplois et la chute brutale des envois de fonds depuis l’étranger.
Pour répondre à ces nouvelles manifestations de la faim, le PAM axe une large part de ses actions sur les milieux urbains. Plus de la moitié de son nouveau plan d'intervention prendra la forme d’aides financières en espèces et en bons d'alimentation afin de permettre aux communautés urbaines de satisfaire leurs besoins alimentaires sur les marchés locaux, tout en stimulant les économies.
La situation est particulièrement alarmante en Amérique latine, où trois fois plus de personnes ont besoin d’une aide alimentaire. Selon les projections du PAM, 10 millions d’individus supplémentaires pourraient basculer dans la faim dans 11 pays de la région, y compris dans des petits États insulaires en développement des Caraïbes. Au total, le nombre de personnes en situation de grave insécurité alimentaire pourrait passer de 3,4 millions en 2019 à environ 13,7 millions en 2020, en grande partie en raison du coronavirus.
L’agence onusienne constate également des pics de la faim en Afrique de l’Ouest et centrale, où le nombre de personnes en situation d'insécurité alimentaire a bondi de 135 %, de même qu'en Afrique australe, où l'on enregistre une hausse de 90 %.
Dans toutes ces zones, la hausse du nombre des infections au coronavirus entraîne des restrictions de circulation et des ruptures dans les chaînes d’approvisionnement, tandis que les réserves alimentaires sont déjà faibles. C’est pourquoi le PAM s’emploie à compléter les stocks existants, conformément à son plan de prépositionnement de trois mois d’aide alimentaire pour les communautés vulnérables.

L’insécurité alimentaire aiguë a touché 155 millions de personnes en 2020 (ONU)
5 mai 2021 Aide humanitaireL’insécurité alimentaire aiguë a atteint son niveau le plus élevé en cinq ans, ont alerté, mercredi, les Nations Unies et leurs partenaires.
En 2020, 155 millions de personnes sont tombées dans une insécurité alimentaire aiguë, le niveau le plus élevé en cinq ans. C’est ce qu’indique le dernier rapport annuel publié par le Réseau mondial contre les crises alimentaires (GNAFC), une alliance internationale qui rassemble des institutions des Nations Unies, l’Union européenne et des organismes gouvernementaux et non gouvernementaux dans la engagés dans la lutte contre les crises alimentaires.
Le Rapport mondial de 2021 sur les crises alimentaires montre que les conflits, les chocs économiques, souvent liés à la Covid-19, et les conditions météorologiques extrêmes continuent de précipiter des millions de personnes dans l’insécurité alimentaire aiguë.

Trois principaux facteurs de la hausse de l’insécurité alimentaire : les conflits, les chocs économiques et les évènements météorologiques
Les conflits sont le facteur principal ayant poussé près de 100 millions de personnes dans l’insécurité alimentaire aiguë, contre 77 millions en 2019.
Les chocs économiques, souvent causés par la Covid-19, sont le deuxième facteur de l’insécurité alimentaire aiguë, tant par le nombre de personnes que par le nombre de pays touchés. Plus de 40 millions de personnes dans 17 pays et territoires ont fait face à l’insécurité alimentaire en 2020, contre 24 millions dans huit pays en 2019·
Les événements météorologiques extrêmes arrivent en troisième place avec plus de 15 millions de personnes affectées, ce qui représente une baisse par rapport aux 34 millions de l’année précédente.
