Déclarations d'intérêts

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  • La Revue du Praticien Médecine Générale
  • Publié le 29 Octobre 2020
  • 34(1048);685-6
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Aliments en cause

Les allergies alimentaires sont de plus en plus fréquentes chez l’enfant (prévalence de 6-8 % en Europe, 3 fois plus que chez l’adulte).
Principaux aliments incriminés :
– lait de vache et œuf (en particulier avant 2 ans) ;
– arachide, fruits à coque (noix de cajou, pistaches et noisettes) ;
– poissons et crustacés.
Manifestations cliniques très variables :
– syndrome oral (picotements de la langue, du pharynx et/ou des lèvres, parfois accompagnés d’une tuméfaction labiale discrète) ;
– angioœdème aigu ;
– anaphylaxie pour les formes aiguës ;
– dermatite atopique (chronique).
Nouvelles formes d’allergies :
– à l’alpha-gal (viande rouge) ;
– syndrome d’entérocolite induite par les protéines alimentaires (SEIPA) responsable de signes digestifs survenant le plus souvent entre 2 et 4 heures après l’ingestion de l’aliment allergène.

Lire aussi | Allergies alimentaires après une greffe

Diagnostic allergologique

Lire aussi | Quand les allergies s’invitent au réveillon.

Prise en charge par le généraliste (encadré 1)

Dans l’idéal, le suivi sera pluridisciplinaire (diététicienne, psychologue), le médecin généraliste ayant un rôle central de coordination des différents acteurs.
Le généraliste prescrit également, en cas d’allergie avérée, un PAI pour encadrer la scolarité ; il sera réévalué et adapté si besoin chaque année.
Un protocole d’urgence en cas de réaction allergique, clair et personnalisable, doit y être joint.
Prise en charge médicamenteuse ( encadré 2 ) :
– adrénaline (10 μg/kg en intramusculaire ; au maximum 0,5 mg par injection) : traitement de première intention ; utiliser les auto-injecteurs ;
– antihistaminique oral, bronchodilatateurs inhalés pour la trousse d’urgence le cas échéant (pas de consensus).
L’éducation thérapeutique est primordiale, tant sur le plan alimentaire que médicamenteux.

Encadre

Rôles du généraliste (selon ses compétences propres et en lien avec un allergologue)

• Répondre à la demande des parents

• S’assurer que l’histoire de l’enfant est bien celle d’une allergie (alimentaire)

• Vérifier que l’indication du projet d’accueil individualisé (PAI) est conforme aux recommandations

• Recueillir le souhait des parents et de l’enfant s’il est en âge de l’exprimer et l’autorisation expresse de la famille

• Encourager les parents à initier la démarche quand une indication possible de PAI est retenue par le médecin

• Informer les parents des modalités encadrant sa mise en place.

• Fournir, dans le PAI, des informations claires, concises, écrites sur le(s)aliment(s) et/ou ingrédient(s) dont il faut faire l’éviction et préciser :

– si l’(les) aliment(s) peut(peuvent) être consommé(s) cuit(s)

– si de faibles quantités de cet(ces) aliment(s) peuvent être consommées

• Proposer des recommandations écrites dans le PAI sur les modalités de restauration (panier repas amené par les parents, repas fourni par la restauration scolaire tenant compte de(s) l’éviction(s), repas collectif autorisé sous la responsabilité des parents…) et lors des goûters et anniversaires (aliments amenés par les parents exclusivement ou non)

• Suggérer, dans le PAI, une conduite à tenir écrite, claire, facile à lire pour des personnels non soignants en cas de réaction allergique (www.lesallergies.fr ou www.sp2a.fr).

• Joindre une ordonnance pour les médicaments contenus dans la trousse d’urgence

• Cette dernière est à prescrire (notamment un auto-injecteur d’adrénaline) selon les recommandations

• Montrer régulièrement l’utilisation des médicaments prescrits dans la trousse d’urgence, le cas échéant, et notamment de l’auto-injecteur d’adrénaline (avec un dispositif factice) et des bronchodilatateurs inhalés (avec éventuellement une chambre d’inhalation selon l’âge, le dispositif et les possibilités de l’enfant)

• Favoriser le lien avec les différents personnels en milieu scolaire (médecin, infirmier(ère), personnels enseignants et de la restauration…), l’enfant et sa famille

• Informer régulièrement le médecin de l’Éducation nationale et les autres partenaires médicaux (allergologue, pédiatre…) du suivi et de la survenue d’éventuelles réactions allergiques, du traitement (médicament, induction de tolérance…) et du régime alimentaire

• Renouveler les prescriptions pour la trousse d’urgence si nécessaire. Tout nouveau dispositif (auto-injecteur d’adrénaline) doit faire l’objet d’une démonstration avec un dispositif factice

Prévention des allergies alimentaires chez le bébé

L’allaitement maternel est recommandé jusqu’à 6 mois. Il n’est pas nécessaire pour la mère d’éviter certains aliments allergènes dans son alimentation, même en cas de terrain familial. De même durant la grossesse, aucun régime particulier n’a prouvé son efficacité pour prévenir l’allergie alimentaire chez le bébé.

Auparavant, il était recommandé de retarder l’introduction de certains aliments allergisants afin de prévenir les allergies alimentaires chez le nourrisson. Aujourd’hui, la tendance est plutôt inverse suite aux études confirmant l’intérêt d’une introduction précoce d’aliments potentiellement allergéniques. On recommande ainsi de débuter la diversification entre 4 et 6 mois, y compris pour les aliments allergisants. Sauf chez le nourrisson à risque (eczéma important, allergie alimentaire déjà existante, deux parents poly-allergiques), pour qui il est conseillé de faire un bilan allergologique (prick-tests cutanés ou dosage des IgE spécifiques) avant de débuter la diversification. Selon les résultats, la stratégie de diversification sera adaptée.

Je suis Julie Martory, journaliste et auteure spécialisée dans le domaine de la maternité, de l'éducation et de la santé depuis 15 ans. Au fil des années, j'ai eu l'opportunité de travailler sur de nombreux articles et ouvrages, mettant toujours un point d'honneur à offrir des conseils bienveillants et pratiques aux parents.