Interactions des AVK avec l’alcool et le tabac

Si vous consommez de l'alcool, il est toujours préférable de le faire avec modération. Mais c'est particulièrement important si vous prenez des anticoagulants.

Comme les anticoagulants oraux, l’alcool est métabolisé par le foie. L’interaction des deux peut provoquer des effets indésirables.

Une consommation excessive d'alcool peut affecter la vitesse de coagulation du sang. De plus, il augmente le risque de chute. Une chute peut rapidement provoquer des ecchymoses, voire une hémorragie interne.

Le tabac peut modifier l'activité anticoagulante des AVK.

Anticoagulants AVK et anticoagulants oraux directs (AODs)

Il existe deux grandes classes d’anticoagulants sur le marché belge. Ils agissent sur différentes étapes de la production des protéines de la coagulation : les coumarines (antagonistes de la vitamine K ou AVK) et les anticoagulants oraux directs ( (AODs).

  • Les antagonistes de la vitamine K (AVK) agissent de manière indirecte en bloquant l'action de la vitamine K. Ils provoquent ainsi une carence artificielle en vitamine K. Or, la vitamine K permet la synthèse de plusieurs facteurs de coagulation dans le foie. Certains aliments (riches en vitamines K) et certains médicaments peuvent entraver l’efficacité du traitement.
  • Les anticoagulants oraux directs (AODs) agissent de manière directe sur les facteurs de la coagulation. Ce type d’anticoagulants est surtout sensible à l’alcool et peut interagir avec certaines plantes comme le millepertuis. Il existe également des risques d’interactions avec les anti-inflammatoires non-stéroïdiens, les antidépresseurs, le tramadol…

Interactions entre les AVK et les aliments riches en vitamine K

Si vous prenez des anticoagulants anti-vitamines K, vous n’êtes pas obligé d’abandonner complètement les aliments contenant de la vitamine K. Toutefois, vous ne devriez pas en manger trop. Ils risqueraient alors de neutraliser l'effet du traitement.

La vitamine K se trouve principalement dans les légumes verts. Il est donc préférable de ne pas en manger trop à la fois ou de mettre les mêmes légumes verts au menu trois fois par semaine. Il s'agit notamment de la salade, du cresson, de la roquette, du brocoli, des épinards et de l'endive.

Les asperges, l'avocat, l'huile de tournesol, les produits laitiers, les fruits, les œufs, le foie gras, les abats et les céréales sont également relativement riches en vitamine K. Toutefois, dans le cadre d'une alimentation équilibrée et d’une consommation stable et régulière de ce type d’aliments, l'impact des repas quotidiens sur l'effet de vos anticoagulants est faible.

Les aliments qui fermentent (choux, chou-fleur, brocoli, choux de Bruxelles, chocolat, châtaignes, massepain) ont la caractéristique de former plus de vitamine K dans l’intestin. Il faut donc diminuer leur consommation.

Les principaux conseils alimentaires à délivrer aux patients sous anticoagulants

Les conseils d’alimentation à délivrer aux patients ne sont pas les mêmes selon le type d’anticoagulant prescrit (consultez notre article qui liste les avk et anticoagulants).

Patients sous anticoagulants injectables

Les anticoagulants injectables (type héparine, calciparine) ne nécessitent pas de restriction alimentaire spécifique. Bien qu’il soit raisonnable de limiter voire suspendre sa consommation de caféine, d’alcool, de nicotine ou des drogues illicites, car ces substances interagissent avec de très nombreux médicaments.

Patients sous AVK

Ce sont les personnes sous anticoagulants oraux antivitamineK (AVK ; fluindione, acénocoumarol, etc.) qui doivent le plus surveiller ou modifier leurs habitudes alimentaires.

Il faut limiter la consommation :

  • desaliments riches en vitamine K (abats, choux, brocolis, persil, épinards, laitue, cresson, huile de soja, huile de colza) car des caillots dans les vaisseaux veineux (thrombose) ou sanguins pourraient se former. En effet, ces aliments diminuent l’efficacité de l’anticoagulant ;
  • descompléments alimentaires à base de millepertuis (plante). Ils diminuent aussi l’efficacité de l’AVK ;
  • desaliments et compléments alimentaires riches en acide oméga 3. Ces aliments tendent à fluidifier le sang et, consommés en grande quantité, ils risqueraient d’augmenter l’effet des AVK, et de provoquer des hémorragies ;
  • de certaines épices et plantes : curcuma, gingembre, ginkgo, ginseng. Leur consommation peut augmenter le risque d’hémorragie ;
  • de jus de canneberges, de pamplemousse et de grenade. Limiter la consommation à 250 voire 500mL, si la personne a déjà l’habitude d’en boire.

Attention, limiter ne veut pas dire supprimer ! Rien n’est véritablement proscrit. Consommer un de ces produits de temps en temps (une fois par semaine) en petite quantité (une portion) n’est pas problématique. Cette nuance est importante : les patients peuvent être déjà contrariés par la prise de médicaments à vie. Autant ne pas leur rajouter de contraintes inutiles !
L’alcool est aussi à consommer avec encore plus de modération quand on est sous AVK, car il a un effet sur la coagulation.